La boussole du voyageur

Fès

Fes depuis ses terrasses

Pour commencer mon séjour au Maroc, j’ai choisi d’aller passer deux jours et demi à Fès, ville historique où, dans la médina, le temps semble s’être arrêté.




UN PEU D'HISTOIRE :

L’histoire de Fès remonte en 789, lorsqu'Idriss Ier cherche un emplacement à sa capitale. Son successeur, Idriss II, entame ensuite de réelles constructions. Les organes essentiels de la ville sont bâtis entre le IXe et le XIIIe siècle : le palais, la grande mosquée Al Quaraouiyine et le centre commercial. Cette partie de la ville se nomme Fès-el-Bali (le vieux Fès) et constitue aujourd’hui la Medina.

La ville connaît une nouvelle extension au XIIe siècle lorsque la dynastie des Mérinides fonde Fès-Jdid, au dessus de Fès-el-Bali. Capitale du Maroc à plusieurs reprises, Fès fut un grand centre religieux, intellectuel et économique.

Première question en arrivant : Comment rejoindre le centre-ville depuis l’aéroport ?

Des taxis permettent de relier l’aéroport et le centre-ville. Il existe aussi un bus : le numéro 16, pour 4 Dh seulement (0,35€). Pour le prendre, il faut sortir de l’aéroport, et traverser le parking jusqu’à sa sortie, sur la droite. Se trouve alors un rond-point, le bus attend généralement ici. En théorie, il y a un bus toutes les demi-heures, en pratique on peut attendre jusqu’à une heure. Comptez ensuite environ 45 minutes de trajet jusqu’à la gare ferroviaire, terminus du bus. Pour le retour, l’arrêt se trouve à quelques dizaines de mètres de la gare, sur la droite en sortant.

Les premières visites sur le chemin de la Médina...

Depuis la gare à pied, j'arrive rapidement au Dar el Makhzen, le palais royal. En longeant un grand parc bordé de murs fortifiés, j'aperçois sur une façade une immense porte. Très impressionnant : les couleurs or, rouge et verte se mêlent entre elles, la porte est ornée de mosaïques. C’est la seule chose du palais que l’on peut voir, mais ce premier contact avec Fès ne manque pas de me séduire.

Portes Dar el Makhzen
Portes Dar el Makhzen

En poursuivant la route, j’atteins Bab Smarine, porte d’entrée vers le quartier Fes-el-Jedid. Côté ambiance, ça grouille dans tous les sens. Et pour cause, c’est un vrai souk qui s’étend tout le long de la grande rue. Levez les yeux, les minarets des mosquées s’élèvent au-dessus même des échoppes. S’en suit un marché couvert. Cette fois encore, ce sont principalement des vêtements. L’intérêt des produits vendus est assez modéré. Mais la visite est intéressante pour voir un peu ce qu’il y a à l’extérieur de la médina. La grande rue débouche alors sur la place Bab Makina, où se mêlent d'un côté tours et murailles et de l'autre une très belle porte. Mais, à la moindre photo, les gardes chargés de la surveillance font signe d’arrêter. En prime, les cigognes venues passer la période hivernale. Derrière se trouve le quartier du vieux Mechouar, le quartier juif. Ici, chacune des échoppes est surplombée d’un auvent fait de bois.

Bab Makina
Fès el Fès-el-Bali
Fès-el-Bali

Après la ville nouvelle et Fes-el-Jedid, je me rapproche de la troisième et dernière composante : Fès-el-Bali, à savoir la ville ancienne, la Médina. Sur le chemin, je m’arrête au jardin Jnan Sbil. Entre ses bassins, jets d'eaux et fontaines, ses palmiers, cactus et bambous, ou encore son petit moulin, le lieu est très reposant, bien loin du tumulte de la ville.

Jardin Jnan Sbil

En continuant mon chemin, j’arrive ensuite nez à nez face à Bab Chorfa. Devant cette porte, un large marché ou s’échangent aussi bien vêtements que fruits et légumes. Les prix y sont très intéressants, j’ai payé 2 Dh seulement les cinq clémentines, et 6 Dh pour deux bananes et deux aubergines. Pour rejoindre la Médina, le plus simple est ensuite de longer la muraille jusqu’à Bab Boujloud, célèbre porte aux faïences bleues.

Bab Chorfa
Bab Boujloud

« Il y a plus de 3300 rues et ruelles dans la Medina de Fès », me raconte mon hôte

« 3000 ? Tu veux dire 9000 ! », le corrige un ami.

Quel que soit le nombre réel, une chose est sûre, la Medina de Fès c'est avant tout un un enchevêtrement de ruelles. Mais rassurez-vous, la Medina se divise en deux artères principales: le Talaa sghira et la Talaa kbira . Alors oui, on se perd souvent, mais on retrouve assez facilement son chemin.

Une fois entrée dans la ville ancienne, place aux inmanquables :

Pour cette première journée, je visite d’abord la partie haute de la Médina. A l’entrée, se trouve la Medersa Bou-Inania (20 Dh, 1,77€). Cette école coranique a été construite entre 1350 et 1355, sous les Mérinides. Entre ses mosaïques, stucs et bois sculpté, son décor est particulièrement riche. Et, la pluie ayant eu le mérite de faire fuir les visiteurs, j’ai la chance d’observer les détails et motifs en pleine quiétude. Autour de la grande cour centrale, s'ordonnent la salle de prière, les chambres d'étudiants et les salles de cours. Mais, seule la cour est accessible, la visite est donc assez rapide.

Medersa Bou-Inania
Medersa Bou-Inania

Puis, en descendant la Talaa sghira, un homme croise mon regard curieux et m’interpelle. Il garde le palais Mnebhi, l'ancien palais du général Lyautey. Le lieu fait désormais office de restaurant de luxe et accueille des réceptions diplomatiques. L’entrée est en principe gratuite, une donation « pour les femmes » est toutefois demandée.

Palais du général Lyautey

Un escalier mène ensuite à la terrasse, offrant une belle vue sur la Médina.

Terrasse palais général Lyautey
Terrasse palais général Lyautey
Terrasse palais général Lyautey

Plus bas dans la Médina, je m'arrête au niveau du complexe Nejjarin. Il se compose d'une fontaine faîte de mosaïques, d'un souk spécialisé dans l'artisanat de la menuiserie et de l'ébénesterie d'art et d'un fundunk, à savoir un ancien entrepôt de marchandises et lieu de négoce.

Complexe Nejjarin
Complexe Nejjarin

Le fundunk a été réhabilité en musée des arts du bois. Je décide de le visiter. La collection regorge de multiples objets en bois - mobilier, outils ou encore supports d'écriture. A vrai dire plus que la collection en elle-même, le bâtiment mérite à lui seul le détour.


Complexe Nejjarin

Point d'orgue de la visite, la terrasse offre une vue panoramique sur la Médina de Fès.

terrasse Complexe Nejjarin

Deuxième journée :

Les réveils sont matinaux au Maroc. Entre les aboiements de chiens errants, les cris des coqs, et l’appel du muezzin, pas-même besoin d’enclencher le réveil. Je profite du beau temps pour monter aux tombeaux des Mérinides. Une fois sorti de la Medina, il faut environ 20 minutes pour les atteindre. Je commence tout d’abord par suivre la route principale – aucun problème, il y a de larges trottoirs de chaque côté. Puis, j’emprunte un chemin sur la gauche, montant vers les tombeaux. Le lieu est désert, pas un seul touriste à l’horizon, mais un marocain grimpant avec ses deux ânes. Au sommet, un homme, canne dans une main, larges sacs contenant ses marchandises dans l’autre, marche à mes côtés, en attendant l’arrivée des premiers visiteurs.

« J’habite dans les montagnes en face » raconte-t-il, pointant du doigt les reliefs attenants.

Vue tombeaux des Mérinides

« Ma femme fabrique des tapis à la main et ma fille des bonnets. Moi, je marche une heure tous les matins pour venir les vendre ici. Je ne peux pas les vendre à la Medina, il faut une autorisation, il faut payer des taxes », m’explique-t-il.

Malheureusement la vue est opaque. Mais, s’il est difficile de percevoir clairement les bâtiments, le panorama permet tout de même de prendre conscience de l’immensité de la Médina.

terrasse Complexe Nejjarin

Je profite de la fin de matinée pour me promener le long de la Taala Kbira. Cette rue est décidemment pleine de surprises ! Elle regorge, de part et d’autres, de boutiques et de funduks . La rue abrite également un des complexes de tannerie de la ville, la tannerie Aïn Azliten. Les tanneurs débarassent les peaux de leurs poils et laines. Les peaux sont ensuite traitées et colorées dans la tannerie principale de Fès, la tannerie Chouara .

terrasse Complexe Nejjarin

Le programme de l’après-midi est chargé : mausolée de Moulay Idriss, mosquée Al Quaraouiyine, tanneries : il y a beaucoup à voir. Et c’est un réel défi pour trouver chacun de ces lieux. Mais il est parfois bon de se perdre. En arpentant les rues dans tous les sens, en revenant sur mes pas, et en me retrouvant trois fois au même endroit, je découvre de très beaux lieux, notamment des petits souks spécialisés, comme le souk el Bellagine , le souk el henne , ou encore le souk Attarine.

souk

Mais, à force de déambuler dans les ruelles, je finis par atteindre le mausolée de Moulay Idriss, assez surprise par sa localisation, au coeur même du souk. Comme son nom l'indique, il abrite le tombeau de Moulay Idriss II, le père fondateur de Fès. L'accès est toutefois réservé aux musulmans, mais le mausolée est entouré de portes aux décorations luxuriantes, je vous conseille donc d'en faire le tour pour ne rien manquer ! Par ailleurs, plusieurs entrées étant ouvertes, je découvre le lieu depuis l'extérieur. Un habitant me montre même le tombeau depuis le coin d'une porte ! Concernant la mosquée Al Quaraouiyine, il est plus compliqué de l'observer, des panneaux de bois étant disposés au niveau de la porte.

Medina Fès
Medina Fès
Medina Fès

Entre la mosquée Al Quaraouiyine et les tanneries se trouve la place Seffarine, au centre de l'activité artisanale à Fès. Des dinandiers et chaudronniers s'y activent toujours. Ils martellent du cuivre et du laiton sur cette petite place rythmée au son des coups de marteau. Ici, toutes sortes d'ustensiles sont façonnés: chaudrons, théières, couscoussiers...

. Place Seffarine

Dernière étape, un incontournable de Fès : la tannerie Chouara. Mon guide papier m'avait prévenu : trouver les tanneries seul peut s'avérer compliqué. Sans compter sur les nombreux rabatteurs souhaitant vous y conduire, moyennant quelques Dirhams. J'opte pour une autre astuce, et me greffe discrètement à un groupe de touristes. Gagné ! Quelques minutes plus tard me voilà devant la plus grande des trois tanneries de la Medina de Fès. Bon... à vrai dire rien de particulier depuis la ruelle, il faut prendre de la hauteur pour découvrir, en direct, ce spectacle.

Du haut des terrasses des boutiques limitrophes - auxquelles on accède gratuitement - on peut observer les tanneurs à l'oeuvre. Ils travaillent dans des fosses remplies d'eau et de produits pour nettoyer les peaux puis utilisent diverses matières végétales pour les colorer. Cela explique les différentes couleurs des cuves particulièrement photogéniques (à condition de ne pas y aller quand l'ombre prend le dessus, comme ce fut mon cas ). Les cuirs sont accrochés aux murs afin de sécher. Les maquiniers en font ensuite des sacs, babouches ou poufs. Attendez vous à ce que l'on vous présente tous ces objets (dans le but de vous les vendre, bien sûr).

Tannerie Chouara
Tannerie Chouara

Enfin, pour finir cette visite, je m'arrête quelques minutes au niveau de la place R'cif, autre porte d'entrée vers la Médina.

place R'cif

Mon avis sur la ville ? J'ai beaucoup aimé Fès. C'est sans doute la ville que j'ai préféré lors de mon séjour au Maroc. J'ai trouvé la Médina très authentique. Entre ses nombreux artisans et ateliers donnant à même la rue, on se croirait presque à une autre époque ! A mon avis, trois jours sont nécessaires pour bien visiter la ville. Et pourquoi pas, en prime, faire une excursion du côté de Meknès, à 40 minutes de train seulement...

Pour finir cette excursion à Fès, quelques photos prises au détour des ruelles de la Médina...

Medina Fès
Medina Fès
Medina Fès
Medina Fès
Medina Fès
Medina Fès
Medina Fès

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