La boussole du voyageur

Marrakech

place Jamaa el Fna

Après Fès et Meknès, je poursuis mon périple marocain dans une autre ville impériale : Marrakech. Surnommée la "ville rouge", cette cité millénaire au pied de l'Atlas accueille aujourd'hui de nombreux touristes du monde entier.





UNE RICHE HISTOIRE :

Marrakech fut la capitale de nombreuses dynasties qui se sont succédé au cours du temps.

La ville est tout d'abord née de la volonté politique de la dynastie des Almoravides. En 1071, le sultan Youssef Ben Tachfine transforme le campement des nomades en une place fortifiée. Marrakech devient la capitale de l'Empire almoravide, et le point de départ de leurs campagnes militaires. Son successeur, Ali ben Youssef entreprend la fortification de son palais et édifie de nombreux bâtiments.

C’est en 1147, lorsque la ville passe aux mains des Almohades, que Marrakech connaît un grand développement. Elle devient la capitale d’un vaste empire. La koutoubia est achevée. La ville rouge devient un centre politique, commercial et spirituel. Mais, en 1269, Marrakech est prise par les Mérinides qui la délaissent au profit de Fès. La cité renaît trois siècles plus tard, sous la dynastie saadienne (XVIe siècle), puis connaît son apogée sous la dynastie alaouite. La ville se parait alors de nombreux édifices.


ATTERRISSAGE IMMINENT...

Après avoir longé les montagnes enneigées de l’Atlas, il est 15h20 lorsque mon avion se pose à Marrakech. Je n’ai qu’une journée et demi sur place. Un vrai défi pour découvrir une telle ville aussi rapidement. Ni une, ni deux, j’enfile mon sac et pars découvrir la Menara . Vaste jardin de 88 hectares, il est surtout connu pour son immense bassin (200 mètres de long, 150 de large), sur lequel se reflète le pavillon et l’Atlas. Mais si, vous avez forcément vu cette carte postale…

Le bassin fut construit dès l’époque almohade, en 1157 pour irriguer les jardins et, plus étonnant, pour entraîner à la natation les soldats almohades afin de les préparer à la traversée de la Méditerranée vers l’Andalousie. Le pavillon, plus récent, servait lui de lieu de promenade et de repos.

Jardin de la Menara

Jardin de la Menara

A la sortie du jardin, au bout de l’avenue, trône fièrement la Koutoubia. Je tente de la rejoindre à pied, me laissant guider par son minaret. Mauvaise idée, elle est beaucoup plus loin qu’elle en a l’air. De 69 mètres de haut, le minaret est considéré comme l’un des chefs-d’œuvre de l’art hispano-mauresque. Il a servi de modèle à Giralda de Séville et à la tour Hassan de Rabat.

Koutoubia

Puis, à quelques pas de là, se trouve la place Jamaa el Fna . La fameuse. Cœur de la ville, elle se situe à un point stratégique par rapport aux différents quartiers de la médina. Et elle a longtemps eu cette position centrale. Dès le XVIe siècle, la place abritait le service des Douane pour les marchands chrétiens d’Europe et constituait à ce titre un centre d’échange entre l’Europe et l’Afrique. Les animations apparaissent dès le XVIIe siècle. Puis, au XIXe siècle, la place accueille des courses de chevaux, des rassemblements de l’armée ainsi que des exécutions de rebelles. En 2011, elle est proclamée chef d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité par l’Unesco.

Il faut dire que la place est plus qu’animée ! En fin de journée, les premiers groupes entonnent leurs musiques traditionnelles. De nombreux stands s’installent, proposant des plats locaux : du couscous à la tajine en passant par… les escargots. Et les vendeurs rivalisent d’inventivité pour vous attirer dans leur filet. A cela s’ajoute les nombreux marchands de jus de fruit, de henné ou encore de… portables. Plus surprenant encore, les quelques serpents au sol et singes tenus en laisse. De la musique, des faisceaux de lumière et de la fumée au loin : l’ambiance est palpable, mais peut rapidement devenir étouffante. Les vendeurs ne cessent de vous interpeller et à la moindre photo, quelques pièces vous sont demandées. Traverser la place n'est pas de tout repos !

Jmaa el Fna

Pour plus de tranquillité, je décide de monter sur la terrasse d'un café afin d’observer tout cela vu d’en haut. Je commande des pâtisseries marocaines (pour changer !). Pas fameux, mais je suis essentiellement là pour la vue, et sur ce point je suis comblée. Il est 18 heures passées, la nuit tombe, Jamaa el Fna s’éveille.

Jmaa el Fna

DEUXIEME JOURNEE DANS LA VILLE ROUGE...

Je démarre la journée par le jardin Majorelle, pour plus de tranquillité. Manque de chance, il est 9 heures et de nombreux groupes de touristes sont déjà présents. L’entrée coûte 70 Dh (+30 Dh pour visiter le musée berbère). Je n’ai payé que 35 Dh sur présentation de ma carte étudiante. Si l’entrée est relativement chère par rapport aux tarifs pratiqués au Maroc, elle en vaut largement la peine.

Une fois le portail franchi, je déambule au milieu des arbres et autres plantes exotiques. Le jardin regroupe pas moins de 300 espèces ! Mais, au-delà même de sa végétation, le lieu est magnifique pour ses couleurs, d’un bleu intense, aussi nommé : bleu Majorelle. Les bancs, jarres en céramique et plus encore le bâtiment au style Art Déco sont recouverts de cette peinture. Des bassins d’eau viennent ajouter à la beauté du lieu.

Majorelle

Il a fallu 40 ans au peintre Jacques Majorelle (1996-1962) pour créer ce havre de paix au cœur de la ville. Le peintre s’installe au Maroc en 1917. Il peint alors des scènes de rue, des portraits, puis s’inspire de ses voyages dans le sud du pays. En 1923, il achète un terrain à Marrakech. En 1923, il fait appel à l’architecte Paul Simon pour lui concevoir une villa cubiste. Le peintre créera ensuite un jardin autour de sa demeure et l’agrémentera de plantes venues des quatre coins du monde.

Provisoirement laissé à l’abandon suite aux séparations et au décès du peintre, le jardin sera repris par de célèbres locataires, eux-mêmes amoureux du Maroc. Yves Saint-Laurent et Pierre Bergé . Les deux hommes achètent le jardin en 1980 et entreprennent d’importants travaux de restauration.

« Quand nous avons appris que ce jardin allait être vendu et remplacé par un hôtel, nous fîmes l’impossible pour arrêter ce projet. C’est ainsi qu’un jour nous devînmes propriétaires du jardin et de la villa. Au cours des années, nous avons redonné vie au jardin. »

Yves Saint Laurent, Une passion marocaine, de Pierre Bergé.

Majorelle

Majorelle

Majorelle

Un mémorial leur est désormais dédié dans le jardin. Le musée Yves Saint-Laurent se trouve tout près. Je ne l’ai toutefois pas visité.

Après cette visite rafraichissante, je retourne dans les tumultes de la médina. Objectif, trouver la medersa Ben Youssef. J’arpente de nombreuses rues quand, fière de moi, je finis par trouver le bâtiment. Mais, mauvaise nouvelle, ce dernier est en restauration. Impossible de le visiter. A la place, je me rends au musée de la Mouassine . J’avais lu de nombreux avis favorables à son sujet. Niché dans les petites ruelles de la Medina, le lieu est très calme. D’autant plus calme que je suis toute seule, chose plutôt rare à Marrakech. Des peintures contemporaines d’un artiste marocain, Abdelay Mellakh, sont exposées à l'intérieur. Si la maison est certes sympathique, l’exposition ne m’a pas séduite.

Mouassine

Pour finir cette matinée, je me promène dans la Médina et dans les souks. Epices, babouches, cuirs, bijoux ou encore... vêtements de contre-marque. Une myriade de boutiques propose une grande variété d'objets en fonction des secteurs. Au milieu des rues se côtoient vendeurs de mandarine à dos d'âne et mobylettes. Un vrai dépaysement, c'est certain. J'ai toutefois préféré la Medina de Fès, plus tranquille et authentique.

Medina

Medina

Medina

UN APRES-MIDI SOUS LE SIGNE DE L'HISTOIRE...

L’après-midi est consacré à des visites plus historiques. Géographiquement, le palais de la Bahia , le palais el-Badi et les tombeaux saadiens se trouvent à proximité. Il est donc possible de visiter les trois en une seule et même journée, avec en prime le musée Dar Si-Saïd (mais pour celui-là, j’ai manqué de temps).

Première étape, le palais de la Bahia . Ce palais, le plus luxueux du Maroc à l’époque, est construit en 1866 pour Si Moussa, chambellan du sultan Hassan Ier du Maroc. Il prend d’abord la forme d’un grand riad. Puis, entre 1894 et 1900, son fils, Ahmed Ben Moussa fait agrandir le palais, pour sa maîtresse préférée, d’où le nom de la Bahia (la belle, la brillante). Il y fait ajouter de nombreux appartements, avec mosquée, hammam ou encore jardin islamique. Le général Lyautey en fera son lieu de résidence personnel et une résidence d’officiers français.

Le palais, étendu sur près de huit hectares, est constitué d’environ 150 pièces. Seules quelques-unes d’entre elles sont ouvertes à la visite. Mais la visite (10Dh) est très intéressante : patios, jardins islamiques et pièces richement décorées valent plus qu’un simple coup d’œil !

Palais Bahia

Palais de la Bahia

Je me dirige ensuite vers les tombeaux saadiens . Cette fois encore l’entrée est à 10 Dh et permet d’observer, comme son nom l’indique, les tombeaux des membres de la dynastie saadienne. Cette nécropole royale est utilisée dès le début du XVIe siècle. Elle est agrandie – et au passage embellie – par Ahmed le Doré qui y fait inhumer sa mère Lalla Messaouda en 1591. Sa tombe est toujours présente, ainsi que celle d’Ahmed le Doré, de son fils et de son petit-fils. Les mausolées sont richement décorés. Entre colonnes de marbre blanc et murs ornés de zelliges, on ne sait plus où regarder.

Moulay Ismaïl, voulant s’affranchir des œuvres de ces prédécesseurs, cacha cette nécropole en l’entourant de murailles. Il fallait auparavant traverser une mosquée pour y accéder. Désormais, un couloir percé dans l’enceinte permet aux non-musulmans de visiter les lieux, alors autant en profiter !

Tombeaux saadiens

Tombeaux saadiens

Troisième et dernière étape, le palais el-Badi (10 Dh). Ce palais d’Ahmed le Doré (oui le fameux Ahmed à l’origine des tombeaux saadiens ) fut construit entre 1578 et 1603. Richement décoré, avec les plus beaux matériaux de l’époque, il ne manqua pas de provoquer la jalousie de Moulay Ismaïl qui le fit démolir afin d’utiliser les matériaux pour les palais de sa nouvelle capitale, Meknès.

Aujourd’hui, il ne reste plus que des ruines avec un large bassin au milieu entouré de jardins d’orangers. Mais la visite permet de prendre conscience de la taille de l’ensemble. De plus, les expositions et le film sur le palais permettent d’en apprendre d’avantage sur l’histoire mouvementée du Maroc. Une terrasse offre une belle vue aussi bien sur le palais que sur la médina derrière.

Palais el Badi

Mes deux jours à Marrakech s'achèvent déjà. Il est maintenant temps de prendre la route pour Essaouira.


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